elles grandissent

C’est en 1957 que Marcel le frère de Jean a épousé Simone Dulion.

Elle était magnifique en mariée, ses parents avaient voulu le mariage à l’église, et Marcel n’y tenait pas du tout, nous étions anxieux pendant toute la cérémonie, craignant toujours un esclandre, heureusement, tout s’est bien passé ; la veille, ils s’étaient mariés à la mairie, avec ensuite un apéritif chez les parents de Simone. Le lendemain, le repas a eu lieu au « Rally », c’était très bien, avons dansé et chanté !

C’est peu de temps après que Francine est sortie avec François.

Il était rentré comme apprenti en 1950 à la boulangerie. Il est revenu plus tard, après avoir fait son service militaire en Algérie et ils se sont retrouvés.

Papa a approuvé, il voyait en lui un successeur pour le commerce !

Quelquefois, ils venaient souper avec nous : ils arrivaient en scooter et emmenaient Nelly et Chantal avec eux, … tous les quatre sur le scooter … Ce ne serait pas possible maintenant, avec la circulation et les contrôles qu’il y a !

Mon père avait décidé de faire construire deux appartements à la place de la petite maison basse qu’il avait achetée face à la boulangerie. Nous aurions préféré, Jean et moi, faire agrandir la villa où nous étions si bien, mais il n’était pas d’accord et comme nous n’avions pas d’argent, nous avons dû suivre leurs projets.

Nous avons fait un petit emprunt à la banque et au crédit immobilier, pour arriver à construire ; puis mon père a vendu la petite villa. Les filles ont bien regretté et nous aussi, il est vrai que nous avions beaucoup plus de confort dans le nouvel appartement.

Nous nous sommes rendu compte plus tard que ce n’était pas l’idéal d’habiter tous ensemble !

Francine et François se sont mariés le 2 août 1960.

Nous nous sommes installés le lendemain dans notre nouvel appartement. Les mois précédant le mariage ont été très chargés, j’ai habillé ou plutôt cousu, pour toute la famille, bien sûr la mariée, ma mère, mes filles, ma tante, les filles de ma cousine Marcelle, la cousine de François, etc... et moi !

Comme pour moi, ma mère a voulu que ce soit un beau mariage ; le même restaurant avec un aussi bon menu et la famille aussi nombreuse !

Le lendemain matin, ils sont partis en train pour Nice bien sûr à l’hôtel Médicis, mais ils avaient retenu la chambre, eux !

Le lendemain du mariage de Francine, nous nous sommes installés, nous étions très heureux d’avoir enfin des toilettes, une salle d’eau et une chambre pour les filles !

Nous avons un peu regretté le jardin, mais nous étions plus près de l’école et de la ville.

Une petite anecdote, que Chantal m’a racontée il n’y a pas très longtemps, je pense que c’était le premier hiver où nous étions au 44. Jean lui avait dit « cette nuit, il va neiger », et le lendemain, il a ouvert la porte et tout était recouvert de neige ! Elle a trouvé son père formidable, il avait deviné, ou prévu la neige ! C’était magique ! Elle n’avait que cinq ans.

Nous n’avions pas encore de voiture et nous économisions. Je cousais beaucoup pour la famille. Nous admirions une Simca 1300 qui s’arrêtait chaque jour devant la boulangerie… et c’est celle que nous avons fini par acheter. Jean avait passé le permis peu de temps avant !

Nous avons fait notre premier voyage avec les filles pour aller à Digoin voir Poupette et Daniel, une expédition pour nous !

Nous étions ravis, pour la première fois, nous partions seuls tous les quatre.

Nous avons aussi visité Nîmes, le pont du Gard,… etc. ; et sommes aussi allés rendre visite à Suzanne et Pierre qui faisaient une colonie de vacances. Nelly et Chantal se chamaillaient souvent en voiture, il fallait même mettre une valise pour les séparer.

C’est le 19 janvier 1961 que Simone a mis au monde Françoise, très beau bébé, ; Marcel a été très déçu car il voulait un garçon. Après il a été fier de sa fille !

Un an après, le 12 janvier 1962, Francine a eu un garçon, Philippe, enfin, un garçon ! François était très fier, et mon père était enfin comblé, après ses deux filles, ses deux petites filles qu’il adorait, il avait un petit fils !

Mes parents ont acheté la télévision, c’était nouveau… ils nous ont proposé de l’installer chez nous, peut-être pour les filles, mais, là aussi, nous avons regretté, car toute la famille se réunissait chez nous.

Le dimanche, c’était le summum : nous, papy, mamy, pépé, mémé, Marcel, Simone, Françoise, Francine, François, Philippe..., quand il n’y avait pas cousins ou cousines qui passaient ! C’était très bruyant !

Encore un deuxième achat de ma mère, la machine à laver le linge, qu’elle a fait installer à la terrasse pour laver « le linge sale en famille », et comme j’étais sur place, c’est moi qui m’en occupais !

Avant d’avoir notre voiture, nous sortions souvent tous ensemble dans la Peugeot commerciale de mon père, nous nous entassions, nous allions pêcher sur les bords de l’Agly, ou cueillir des champignons en automne, et je ramenais toujours des bouquets de feuilles de vigne rouges.

L’été, quand Jean avait son congé, nous allions tous les quatre à la villa de Canet.

A cette époque, il y avait moins de touristes que maintenant ; nous allions très tôt à la plage ; Jean pêchait, les filles s’amusaient, il n’y avait personne, on voyait le soleil se lever, c’était super !

Les années ont passé très vite ; Nelly et Chantal, sont allées au lycée ; Nelly, à Albert Camus, Chantal, à Jean Moulin.

A Pâques, ou aux vacances d’été, Suzanne et Pierre venaient avec leurs enfants ; les quatre grands s’entendaient comme larrons en foire. Nelly jouait avec Gérard et Chantal avec Marc, le garage était assez grand pour des tas de jeux. Jean-luc et Christine allaient plutôt chez Mémé et s’amusaient avec Françoise.

Pierre et Suzanne ne venaient que pour les vacances.

Apres l'Algérie, ils sont allés à la Réunion, où sont nés Christine et Jean-Luc, puis ils sont partis aux Comores ! Ils ont quand même passé une longue période à Melun, ils habitaient à l’école même.

C’est là qu’est née Sylvie ; nous étions allés passer les vacances chez eux pour être là pour la naissance et aider Suzanne ; mais Sylvie se faisant attendre, nous avons dû repartir, car c’était la rentrée des classes pour Nelly et Chantal. Elle est née le 22 septembre 1967 !

Quand ils arrivaient pour Pâques, j’étais souvent en train de faire des bougnettes avec Francine, elle les vendait à la boulangerie, et nous partagions le bénéfice.

Avec mes premiers gains, j’ai offert une belle chevalière en or à Jean, qu’il a perdue peu de temps après ! Tout ce travail pour rien !

Avant leur entrée au lycée, les filles ont fait la communion solennelle, à Saint Christophe. Nelly n’y tenait pas beaucoup. En plus, Marcel, qui était contre l’église, est venu faire un scandale à la maison, et voulait venir à la sortie de l’église, j’étais angoissée, ça n’a pas été une fête réussie ; en plus le grand-père paternel de Jean, est décédé deux jours avant …alors ce n’était pas gai !

Je me suis payée une bonne crise de foie après ces contrariétés !

Nelly et Chantal n’avaient pas du tout le même caractère, Nelly aimait rester tranquille à lire dans sa chambre, alors que Chantal, aimait sortir ; le premier qui sortait, elle y allait, elle partait souvent avec François, Francine et Philippe dans un coin de campagne qu’ils appelaient « le feu de Chantalette » !

En classe de troisième, Chantal a passé le concours d’entrée à l’école Normale, et a été reçue, elle était ravie.

Elle est rentrée comme pensionnaire ; elle se plaisait beaucoup là-bas, car elle s’était fait beaucoup d’amies, et surtout Brigitte, elle allait souvent chez elle à Trouillas pour les fêtes et Brigitte venait aussi chez nous à Canet.

C’est je crois pendant l’année de terminale de Nelly que Gérard était à la faculté à Perpignan, il venait nous voir de temps en temps, il faisait du théâtre, et avait entraîné Nelly dans cette aventure, nous étions allés les voir jouer à Thuir « Les mains sales » de Sartre, c’était pas mal ! A cette époque, il rêvait d’avoir une moto, et avait commencé par acheter les bottes et le blouson, mais ses parents n’étaient pas du tout d’accord.

Nelly, après le bac, est partie à Montpellier continuer ses études à la fac de lettres, pour faire psycho. Elle, qui restait toujours avec nous, a commencé a prendre son indépendance ; au début, elle venait nous voir souvent, presque toutes les semaines, nous lui avions trouvé un joli petit studio près de la faculté.

Par la suite, elle a changé presque chaque année d’appartement !

Elle a voulu passer un concours pour être éducatrice pour délinquants, mais elle a échoué, elle était trop jeune, à peine vingt ans, alors que ceux qui se présentaient étaient beaucoup plus âgés.

Elle a fini par passer le concours pour l’école normale, qu’elle a eu facilement, et elle a été indépendante financièrement.

C’est à peu près à cette époque là que Jean a été nommé chef comptable ; Gégé Llanes avait organisé un apéritif pour le service, et il m’avait invitée sans le dire à Jean, il voulait lui faire la surprise.

J’étais très intimidée, c’était la première fois que j’allais à la banque, mais il a insisté ; finalement ça s’est très bien passé !